« Est allemand celui qui est convaincu qu’il peut subvenir lui-même à ses besoins et ceux de sa famille par son travail (le cas échéant aussi par sa fortune) et ne soit tributaire qu’en cas de détresse et d’exception de la solidarité de la communauté. Cet allemand-ci a toutes les raisons d’admettre que ses propres efforts lui vaudront la reconnaissance sociale à laquelle il aspire et une certaine ascension sociale. Si ce premier trait distinctif de l’identité porte sur la disposition à prendre soi-même soin de soi et sur la volonté d’être performant à l’égard de la société à laquelle il appartient, le second découle de la confiance qu’il a que celle-ci viendra l’épauler en cas d’épreuve. Voici pour les marqueurs d’identité sur le plan économique et social.
Ils sont complétés par deux autres marqueurs d’identité plutôt socio-culturels. Le premier signale la conviction que la croyance religieuse et sa pratique sont une affaire privée qui doit jouer un rôle subordonné dans la vie sociale et qui est sans signification lors du traitement des demandes par l’administration comme lorsque l’on postule pour un emploi ou à une position. Il s’ajoute à cela selon le second caractère socio-culturel que celui qui est qualifié d’allemand s’en tient à ce que le choix d’une forme et d’un partenaire de vie relève de l’appréciation individuelle de chacun et ne soit pas prescrit par la famille.
Le cinquième – et décisif – marqueur d’identité des Allemands doit être la profession de foi envers la Loi fondamentale de la République fédérale Allemagne, une constitution qui fut élaborée pour ne plus qu’adviennent les crimes terribles perpétrés par des Allemands. Elle a été conçue pour rendre à nouveau possible un vivre ensemble sur des bases juridiques qui, précisément ne se réfèrent pas à la nation fondée ethniquement quand elle parle de la dignité humaine dont la protection est la tâche de la puissance publique mais rend cette protection acquise pour tous ceux qui relèvent du domaine couvert par la Loi fondamentale. Une telle constitution peut être un facteur hautement intégrateur : elle transmet la conviction que chacune et chacun peut, au regard de la dignité, agir pour se repenser soi-même, ce qui peut conduire à une nouvelle façon d’être ensemble.
Cette Loi fondamentale, l’histoire de la République fédérale l’a montré, peut servir d’ancre d’identité à chacun de ceux qui veulent travailler à sortir d’une culture du rabaissement et du rejet et aider à l’intégration dans une société libérale. En ce sens, chacun de ceux qui sont venus en Allemagne peut devenir allemand. En même temps, beaucoup de ceux qui sont nés allemands et qui sont persuadés d’en être devront s’efforcer de satisfaire ces mêmes exigences. Être allemand n’est selon cette définition pas une caractéristique sur laquelle on peut se reposer sous prétexte de l’avoir quasiment acquis à la naissance et qu’on ne pourrait pas reprendre comme c’était le cas encore aux 19è et 20è siècles avec la définition de la nation fondée pour l’essentiel sur l’ethnie. Il s’agit bien plus d’une attribution d’identité enrichie et normative qui implique des exigences à satisfaire. Une telle attribution d’identité normative ne change rien pour ceux qui sont Allemands de naissance même s’ils ne satisfont pas à ces exigences. Mais ils n’auront plus alors la possibilité d’exclure de cette appartenance ceux qui veulent devenir allemands et qui eux y satisfont. On fait ainsi précéder la définition de l’Allemand selon le code de la nationalité [Staatsbürgerrechtlich], de laquelle dispose l’État et son administration selon la loi, d’une attribution d’identité définie non par l’administration mais par la société. Elle oppose à la définition ethnique de l’appartenance nationale dépassée par la mobilité croissante des hommes et la nécessité de l’immigration une représentation de l’identité nationale plus ouverte et plus flexible qui prend en compte la modification des réalités sociales sans jeter aux oubliettes l’idée de nation.
La société allemande est une société ouverte fondée sur le principe de la réussite individuelle et qui dans l’avenir sera encore d’avantage ouverte et orientée sur la productivité de chacun si elle veut conserver sa position dans l’économie mondiale et maintenir sa prospérité intérieure. Pour cela elle dépend de l’immigration et elle est en concurrence avec d’autres sociétés pour s’attirer les plus capables et les plus productifs. La volonté de faire venir à elle les meilleurs n’exclut pas d’ accueillir pour des raisons humanitaires dans des situations d’urgence également ceux qui de toute évidence ne font pas partie de ce groupe [de plus capables] et qui ne pourront être intégrés avec succès au marché du travail allemand qu’au prix d’efforts considérables. De tels actes humanitaires, on pourra d’autant plus se les permettre que l’on aura été (et seulement dans ce cas) dans la concurrence pour les plus capables et les plus productifs et d’autant mieux que l’on se sera moins servi de l’acception ethnique de la nation comme instrument d’exclusion.
Il est sans doute possible de considérer que l’idée de nation soit au 21ème siècle dépassée et opter pour le rejet pur et simple de la nation et se contenter de celle d’État et de société. Cela a cependant deux conséquences importantes : d’une part on laisse à d’autres qui s’en serviront politiquement un concept de nation fortement chargé émotionnellement ; d’autre part, cela reviendrait à renoncer à une catégorie politique en mesure mieux qu’aucune autre de mobiliser la solidarité et l’entraide. De fait, la représentation de l’appartenance et de l’identité nationales est le contrepoint d’une société qui ne reposerait que sur les actes d’échanges et l’attente d’avantages réciproques. Il est prévisible que nous continuerons à aller dans cette direction dans certaines domaines de la vie. Nous avons d’autant plus besoin de la nation comme générateur de solidarité, une conception de la nation suffisamment modernisée pour faire face aux défis du présent et de l’avenir ».
Herfried Münkler et Marina Münkler : Die neuen Deutschen ; Ein Land vor seiner Zukunft (Les nouveaux allemands ; Un pays face à son avenir) Rowohlt pages 287-290
Traduction Bernard Umbrecht
Herfried Münkler est professeur de sciences politiques à l’Université Humbold de Berlin et Marina Münkler est professeure de littérature à l’Université technique de Dresde
La traduction ci-dessus – le terme marqueur est impropre mais il est des auteurs eux-mêmes qui utilisent l’anglicisme marker – porte sur les quatre dernières pages du livre et en résume bien le contenu. Il y est question de la meilleure façon de faire des réfugiés de nouveaux Allemands en poussant en même temps les anciens Allemands à se renouveler et de faire de nécessité vertu en apportant une solution au problème démographique de l’Allemagne.
« Est allemand celui qui est convaincu qu’il peut subvenir lui-même à ses besoins et ceux de sa famille par son travail (le cas échéant aussi par sa fortune) et ne soit tributaire qu’en cas de détresse et d’exception de la solidarité de la communauté. » Quasiment au bord du gouffre, quoi ! Étonnante définition dont on se demande dans le fond en quoi elle permettrait de distinguer un tant soit peu un Allemand d’une autre nationalité. A moins que ce ne soit l’arrogance de croire qu’il n’y ait qu’en Allemagne que les hommes auraient la capacité de s’occuper d’eux-mêmes. Elle est centrée sur l’individu sans aspiration ni dimension collaborative, sans participation à la formation d’un nous. Symptomatique est la façon de mettre en avant l’économique. Le critère d’appartenance n°1 est économique. Quand j’ai lu la phrase dans une critique du livre, j’ai tiqué et me suis étonné que cette approche néolibérale ne soulève pas plus de réactions. Le livre paru en août 2016, connaît un bon succès de librairie et de conférences. L’un des auteurs n’est pas un inconnu pour les lecteurs du Sauterhin. Ce sont des voix entendues et importantes. L’objet de leurs travaux n’est pas facile à saisir. Ils connaissent les secrets de la longévité des politologues. Il se trouve dans l’art de grappiller dans les idées des uns et des autres. Il y a même la petite référence à Marx et la citation de Brecht qui figure en incipit.
On pourrait se contenter de résumés caricaturaux du genre Arbeit, arbeit über alles, Cela a été fait, ou dire que pour les auteurs l’Allemagne apparaît un peu comme la Mannschaft : on fait venir de partout les plus performants pour taper dans un ballon derrière le drapeau et l’hymne allemands et tant pis pour ceux qui n’aiment pas le football ou les lecteurs du Droit à la paresse de Paul Lafargue.
On peut considérer le livre comme une tentative d’apporter un fondement à la politique d’Angela Merkel. Il faut dire qu’elle en a besoin tant la chancelière est avare d’explications. Il cherche à donner un cadre théorique à son action alors que le soutien politique dont elle bénéficiait au départ s’est rétrécit. Son wir schaffen das équivalent allemand du Podemos, ou du Yes we can, « nous le pouvons », « nous y arriverons » a été en partie reçu d’avantage comme une injonction, un vous devez le faire, un y’a qu’à. A la différence de la chancelière, les époux Münkler ne nient pas que « l’Allemagne sortira de ce défi transformée en un autre pays ». Lequel ?
Le diable gît dans les prémisses. Reprenons par le début. L’incipit du livre est une citation de Brecht extraite du poème « Paysage de l’exil » :
Les derricks et les jardins assoiffés de Los Angeles
Ainsi que le gorges de Californie au couchant ou les marchés aux fruits
N’ont pas laissé de marbre
Le messager du malheur
Cette remarquable formule Le messager du malheur appliquée aux réfugiés et aux exilés, les auteurs la détournent de son sens profond tel que l’avait perçu et interprété Hannah Arendt. Les réfugiés ne sont pas seulement les messagers de leur propre malheur et celui de leur pays. Hannah Arendt le dit très clairement :
« Il n’y a pas un brin de sentimentalité dans la belle définition brechtienne du réfugié, si admirablement précise : Ein Bote des Unglücks (Un messager du malheur). Bien entendu un message ne s’adresse pas à son messager lui-même. Ce n’était pas seulement leur propre malheur que les réfugiés emportaient avec eux de pays en pays, de continent en continent – changeant de pays plus vite que de souliers – mais le grand malheur du monde entier »
(Hannah Arendt : Bertolt Brecht in Vies politiques Gallimard Tel page 215(
Au lieu d’une réflexion à ce niveau, nous avons donc les porteurs du malheur arrivant dans le pays du bonheur, baignant littéralement dans la béatitude des excédents budgétaires. Poser ainsi le problème équivaut non seulement à enlever à l’Allemagne toute responsabilité dans les affaires du monde et surtout ne pas accorder la moindre attention aux souffrances d’un certain nombre d’Allemands eux-mêmes. Le gouvernement a autorisé en 2016 l’exportation de près de 7 milliards d’armements en tout genre. Les principaux clients sont l’Algérie, l’Arabie Saoudite, les Émirats, la Corée du Sud. Le rang de la Turquie comme destinataire est en forte progression. Je n’oublie pas non plus le rôle central que joue la base américaine de Ramstein en Allemagne dans le pilotage des drones tueurs de Barack Obama. Sur le plan intérieur, la question du bouc émissaire n’est jamais posée et pour cause. Cela supposerait d’admettre que l’hostilité envers les immigrés a des causes autres que leur seule présence. Il n’y a pas un mot sur l’accroissement des inégalités, l’augmentation de la pauvreté, la panne de l’ascenseur social, les peurs de décrochage social et du manque d’avenir pour leurs enfants qui affolent certaines couches de la population. Pas un mot non plus de la déferlante néolibérale qui a frappé de plein fouet l’ancienne Allemagne de l’Est.
L’un des objectifs des auteurs semble être d’examiner les éléments d’un consensus contre la montée dangereuse de l’extrême droite allemande (l’Afd, Alternative pour l’Allemagne, qui est l’équivalent de notre Front national pour son expression partidaire) dont je rappellerais que les premiers succès ont été remportés dans une campagne nationaliste contre l’euro. Personne n’a examiné les conséquences dans les esprits de la perte du Deutschmark comme substitut d’identité. L’extrême droite a par ailleurs d’autres boucs émissaires dans sa besace.
Je passe sur certaines considérations qu’il serait trop long à examiner ici portant sur les relations entre l’ordre du fluide et l’ordre du stationnaire, ou le mode de vie nomade comme idéal de vie comme s’il ne pouvait pas y avoir un temps pour bouger et un temps pour se poser. Et où est-il écrit que les hommes devraient suivre la mobilité du Capital ?
Venons-en à l’essentiel de leur propos. L’Allemagne est un pays dont le taux de natalité est l’un des plus bas d’Europe. Un « piège du vieillissement » la menacerait aux alentours de 2040. Un allongement de la durée de vie au travail et l’entrée des femmes sur ce marché ne seraient pas suffisants pour compenser ce déficit. Tout dépendra à l’avenir donc de l’immigration. Pour les auteurs, l’Allemagne vivrait dans le mensonge de ne pas être un pays d’immigration alors qu’elle l’a été de tout temps. D’ores et déjà, un allemand sur cinq (1 sur trois pour les enfants) a des antécédents migratoires de première ou de seconde génération. Que serait devenue l’industrie sans la main d’œuvre turque. ? L’Allemagne est aussi un pays d’émigration. On peut rappeler ici les origines allemandes lointaines d’un certain Donald Trump. L’hebdomadaire Die Zeit avait publié, en début d’année 2016, la traduction d’un texte dans lequel l’auteur de Robinson Crusoé, Daniel Defoe, plaidait – en 1709 – pour que l’on fit de l’afflux des réfugiés du Palatinat (environ 11.000 Allemands fuyant la famine, le froid et la guerre) en Angleterre une chance en le transformant en un enrichissement. Il explique pourquoi il faut les installer à la campagne pour en faire à la fois des producteurs de leur propre existence et donc des consommateurs. En Allemagne aussi, « le réfugié a dissous les milieux traditionnels et plutôt conservateurs » et « fortement accéléré la dépaysanisation et l’urbanisation».« La migration a cessé depuis longtemps d’être un phénomène marginal ou conjoncturel, elle est devenue une composante structurelle du renouvellement des sociétés riches » (page 109). Les auteurs citent Werner Sombart sur le rôle de l’étranger pour dynamiser l’économie :
« dans une économie globale, dans laquelle ne peut survivre que celui qui ne tombe pas dans un processus d’engraissement [ = qui a peur du risque et ne pense que sécurité] mais qui est continuellement innovant, les étrangers sont une chance de renouvellement »
Comme l’Allemagne ne fait pas d’enfants, il ne lui reste qu’à faire des nouveaux arrivants ceux dont on a besoin, plus même : faire d’eux mais pas seulement d’eux de nouveaux Allemands. L’expression s’applique en effet aussi à ce que doivent devenir les autochtones.
« Les vieux allemands sont ceux qui tiennent à la solidarité ethnique du peuple[…]. Les nouveaux Allemands ne sont pas les nouveaux arrivants […] mais ceux qui misent sur une Allemagne ouverte sur le monde qui ne soit plus définie exclusivement du point de vue ethnique ».
Mais avant la nation, le maître mot est marché du travail. Bien entendu la question de l’automatisation n’est pas posée. En passant on est content d’apprendre que des dépenses peuvent être autre choses que des dettes puisque les coûts pour la capacitation des réfugiés doivent être considérés comme un investissement. (Page 113) :
« En raison du dynamisme de l’économie allemande qui a pour conséquence une demande de main d’œuvre, en raison aussi de la moindre régulation du marché du travail allemand comparée aux pays du sud de l’union [ie France Italie Espagne…], les nouveaux arrivants ont de meilleures chances de réussite même si du point de vue d’une perspective d’intégration des mesures de dérégulation supplémentaires seraient utiles » (page 269)
L’un des impératifs d’une politique d’intégration est en effet pour Herfried et Marina Münkler de limiter au maximum la réglementation du marché du travail sous prétexte que toute mesure de régulation favoriserait les autochtones de longue date (sic!). Tout de même une façon assez cynique de jouer l’humanitaire contre le social. Mais c’était d’emblée la position du patronat allemand. C’est une activité prolétarisée qui attend les migrants. Comme le dit en plaisantant une jeune syrien en stage chez Daimler : « on est tout d’abord des pièces interchangeables de leur grosse machine de production » (Cf Adea Guillot : En Allemagne, année zéro pour les réfugiés in Le Monde 17/01/2117)
La présence des nouveaux arrivants est profitable pour la société car elle l’oblige à repenser son identité collective, estiment Herfried et Marina Münkler. La question de la nation, il est vrai en Allemagne un casse-tête, n’est pas évacuée comme le début du livre le laisse à penser mais donne le sentiment d’être traitée de manière assez flottante, floue. Et simplifiée.
« A première vue, la controverse politique porte sur la question de savoir si l’Allemagne doit continuer d’être un État national tendant à l’unité ethnique empreint de culture chrétienne dominante ou plutôt une société dans laquelle vivent ensemble des hommes originaires de différentes régions et de religions diverses » (Pages 183 et suivantes)
La nation ou la Mannschaft post-nationale ? (le post-quelque chose est à la mode) Poser l’alternative en termes aussi simplistes semble orienter la réponse vers le deuxième terme. Elle est en fait plus hésitante. La nation fait retour mais pour des raisons politiciennes. Pour ne pas la laisser à d’autres qui s’en serviraient à mauvais escient. On a un peu de mal à saisir sa nouvelle définition puisque la nation continuerait tout en n’étant plus ethnique ni même semble-t-il culturelle mais une société post-migratoire . L’Allemagne une économie et une société sans corps politique ? Et cela alors qu’elle fête l’année Martin Luther, auteur, rappelons-le, d’une célèbre adresse à la noblesse chrétienne de la nation allemande et responsable d’une forme de ce que l’on appellerait aujourd’hui brexit vis à vis du pouvoir y compris financier de l’Église de Rome. Moderniser la question de la nation certes mais dans quel sens ? Il n’y a pas là de réponse. Au lendemain des attentats qui ont endeuillé Berlin, le 19 décembre 2016, son maire a déclaré : « Ce qui fait Berlin, c’est la cohabitation libre et sans contrainte de tant de cultures, de langues et de nations »
Cohabitation de nations à Berlin ? Ça branle un peu dans le manche.
A titre d’exercice purement théorique, je me suis posé la question suivante : Peut-on imaginer une Allemagne sans Allemands ? C’est la faute à Frédéric Lordon qui dans son dernier livre Impérium/Structures et affects des corps politiques évoque la parabole du bateau de Thésée appliquée au corps politique. Selon celle-ci la réponse serait théoriquement affirmative :
« le corps ne tient pas à telle partie en particulier ; qu’une partie perdue soit remplacée par une autre équivalente, la chose est indifférente pourvu que la remplaçante vienne bien se placer sous le rapport où était la remplacée. Vieux problème du bateau de Thésée, dont l’usure a contraint à remplacer progressivement toutes les planches, si bien que plus une n’est d’origine ; est-ce toujours le même bateau ? Évidemment oui, répond Spinoza, car la nature de ce bateau n’est pas de substance , elle ne consiste pas en les planches elles-mêmes, mais en le rapport sous lequel celles-ci sont unies entre elles, et lui n’a pas changé » . (Imperium pages 140-141)
Pure spéculation théorique. Ce genre de construction ne fonctionne jamais. Tout simplement parce que les hommes ne sont pas des planches. Sans même compter avec le problème de la qualité de la colle, c’est à dire de la puissance d’adhésion du symbolique.
Certes, « les hommes ne sont pas des planches », mais il semble pourtant que de nombreux italiens, polonais, espagnols, mais aussi algériens, grecs, marocains… voire hongrois (!) se sont assez bien intégrés dans la société française, non ? Quant à « la colle », peut-être faut-il lui laisser le temps de prendre…