L’Allemagne désemparée

Une photo de l’occupation de la plage de la presse à Berlin, les 11 et 12 novembre derniers. https://www.alex11.org/2011/11/fotos-vom-11-12-november-bundespressestrand/

Je participerai lundi et mardi prochains aux

Entretiens du Nouveau Monde Industriel 2011
organisés par l’IRI, l’ENSCI , Cap Digital
« CONFIANCES, DEFIANCES ET TECHNOLOGIES »
Avec la participation exceptionnelle d’Ulrich Beck
19-20 décembre 2011, Grande Salle du Centre Pompidou

J’interviens mardi après midi dans la cession 5,
CONFIANCE ET POLITIQUE

Voici le titre de mon intervention qui portera sur l’Allemagne et quelques mots clés :
L’Allemagne désemparée Ou petit voyage du coq à l’âne avec Robert Musil avec comme mots clés :

Etonnements, ruptures, dissensus allemands –“Occupy”, une multitude de je à la recherche d’un nous – Succès du Parti pirate et déclin du Parti libéral – Référendums d’Athènes à Bruxelles via Stuttgart, la crise de la démocratie représentative – Liquid feedback, une plateforme de démocratie liquide – De la communauté de mémoire à celle des chiffres – Miracle économique et Explosion psychique  (R. Musil et R.W. Fassbinder)

Je mettrai le texte en ligne après les Fêtes de Noël

Voici la présentation des entretiens :

Quelle que soit sa forme, une société est avant tout un dispositif de production de fidélité. Croire en l’autre – et non seulement lui faire confiance – veut dire que l’on compte sur lui au-delà même de tout calcul, comme garant d’une inconditionnalité ; c’est à dire comme garantissant des principes, une droiture, une probité, etc. Ce sont les rôles tenus par les parents, les curés, les instituteurs, les agriculteurs, les officiers, etc. Ces personnages sont en cela chargés d’une sorte de mission surmoïque : ceux qui croient en eux investissent en eux – et aussi bien, dans la Nation, dans le Christ, dans la Révolution, mais aussi dans le projet social qu’ils incarnent et que doit aussi incarner tout entrepreneur selon Max Weber.

Nous savons depuis Weber que le capitalisme a transformé la nature de l’engagement qui structurait la société occidentale – fondée sur la foi propre à la croyance religieuse monothéiste – en confiance entendue comme calculabilité fiduciaire. Cependant, la crise du capitalisme qui s’est déclenchée en 2007-2008 nous a appris que la transformation de la fidélité en calculabilité opérée par les appareils fiduciaires, a rencontré une limite où le crédit s’est massivement renversé en discrédit. Ce processus, qui relève de ce que Weber et  Theodor W. Adorno désignèrent comme une rationalisation et qui conduit à un désenchantement, est essentiellement lié à un processus de grammatisation. Ce processus a pris une nouvelle dimension lors de la Renaissance grâce à l’imprimerie et a été l’objet de luttes politico-religieuses sans précédent pendant la Réforme. Au cours de ces luttes, la «pharmacologie de l’esprit» formée par le Livre et les livres, et la thérapeutique nécessaire que requièrent de tels « pharmaka» (des poisons qui sont aussi des remèdes) deviendront les thèmes d’un conflit spirituel au service d’une nouvelle thérapeutique religieuse et laïque.

Nul ne peut ignorer qu’avec le développement du numérique (qui est le stade le plus récent du processus de grammatisation) réapparaissent les grandes questions que posa alors l’imprimerie et qui déclenchèrent en grande partie la Réforme puis la Contre-réforme. En effet, la confiance, dans le monde du metadataware, des réseaux sociaux et de la traçabilité (sans parler des questions de paiement sécurisé qui prennent ce sujet par son enjeu le plus superficiel) est devenue une question primordiale. Après avoir abordé la question de la défiance face aux nanotechnologies dans les Entretiens de 2010, l’objectif de cette année est de tenter d’évaluer combien les modèles économiques, organisationnels, industriels, technologiques et sociaux seront capables de rétablir la confiance.

Pour le programme des deux journées : Voir ici, cliquez sur Edition 2011

 

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