Après la contribution de Peter Brunner sur l’autobiographie de Carl Zuckmayer de Hesse rhénane, l’ évocation par Daniel Muringer des Cahiers d’un survivant de l’alsacien Dominique (Dominik) Richert, puis Erich Maria Remarque avec Im Westen nichts Neues par Catharina Lovreglio; et Le temps retrouvé de Marcel Proust par Bernard Bloch, puis Fiesta (Le soleil se lève aussi) d’Hemingway par Jamal Tuschick, suivi de Erziehung vor Verdun d’Arnold Zweig lu en allemand mais décrit en français par Pierre Foucher (l’édition française est épuisée). Il y a ensuite la lecture par Kristin Schulz des Orages d’acier d’Ernst Jünger, le commentaire de Paul Valéry par Bernard Stiegler, Jahrgang 1902 (Classe 1902) d’Ernst Glaeser par Thomas Lange, La sentinelle tranquille sous la lune de Soazig Aaron par Diane Buchman. Die Legende vom toten Soldaten (La légende du soldat mort de Bertolt Brecht). Hier : Putain de Guerre de Jacques Tardi et Jean-Pierre Verney par David Bres. Aujourd’hui : Une terre d’ombre de Ron Rash. Lundi : Le brave soldat Chvéïk de Jaroslav Hašek.
Frédéric Versolato :
Une terre d’ombre de Ron Rash
Une terre d’ombre est un roman de Ron Rash, un auteur américain que j’aime beaucoup. Il est habituellement classé dans la catégorie des écrivains de « nature writing » (littéralement écrire la nature), écrivains ancrés dans la nature américaine qui aiment parler des grands espaces, des animaux, de chasse, de pêche mais aussi et surtout de l’âme humaine, des êtres humains et de leur comportements. Ron Rash était jusqu’à ce roman exclusivement un auteur de nature writing. A la différence des précédentes œuvres, Une terre d’ombre contient une intrique historique et amoureuse qui se déroule pendant la guerre de 14-18.
Une histoire de campagne.
Nous sommes dans une ferme au fond d’une vallée. Y vivent une femme, Laurel et son frère, Hank. Elle est rejetée par les villageois car elle porte à leurs yeux une malédiction, une marque d’infamie, une grosse tache de naissance qui la fait passer pour sorcière. Son frère lui revient de la guerre en France, mutilé, amputé d’une main. Ensemble, à la mort de leurs parents, ils exploitent la ferme.
Laurel découvre un jour au bord d’une rivière un homme étendu, presque mort. Elle le recueille. Il porte sur lui un billet sur lequel est écrit : je ne parle pas, je suis muet de naissance. Elle le guérit. Une histoire d’amour s’installe entre eux.
S’il ne parle pas, il joue de la flûte de manière extraordinaire.
La problématique est évidemment tout autre que d’être muet. Le mystérieux inconnu est en fait un musicien allemand qui se trouvait sur un bateau arraisonné par la Marine américaine et qui a réussi à s’échapper.
Des projets de vie se construisent.
Je ne vais pas dévoiler la fin qui réserve des surprises.
Il faut préciser encore qu’une forte haine des Allemands traverse l’atmosphère du roman. Une terre d’ombre fait partie des livres dont la lecture laisse des traces.
Frédéric Versolato