#Marx200 : Un poème de Volker Braun

Place Marx-Engels à Berlin et ses touristes

Volker Braun :

Karl Marx

1
Was hat er uns abgenommen
An Mühe, der schwammige Herkules,
Diese zwölf mal zwölf
Übermenschlichen Arbeiten : die Wühlerei
In der ökonomischen Scheiße,
Das Tappen im Dunkeln der Systeme,
Mit beständigem Zeitungsschmieren,
Und der Abstieg in den Hades
Of Soho Square, mit dem kleinsten
Dreck gequält
, und vom Kopf auf die Füße

Das Denken gestellt, und diese Nächte
Für ein Ereignis von Konsequenzen !
2
Was hat er uns abgenommen
An Härte, der staatenlose
Diktator seiner Redaktionen und Töchter,
Diese wahre Ironiewut auf die biederen
Geistigen Stinktiere hier in Preußen,
Die Kurzleibigen Freundlichkeiten,
Den lebenslangen Hochverrat,
Und das Drücken auf den Beutel von Frederic,
Höchst ekelhaft, und die Grausamkeit
Gegen seinen schwindsüchtigen Leib,
Um die Sache an der Wurzel zu fassen,
Die der Mensch ist !
3
Aber was hat er uns überlassen !
Welchen Mangel an Illusionen.
Welchen weltweiten Verlust
An sicheren Werten. Welche verbreitete
Unfähigkeit, sich zu unterwerfen
Und wie ausgeschlossen, unter uns,
Nicht an allem zu zweifeln. Seither
All unsre Erfolge : nur Abschlagszahlung
Der Geschichte. Dahin die Zeit,
Sich nicht hinzugeben an die Sache
Und wie unmöglich, nicht ans Ende zu gehn :
Und es nicht für den Anfang zu halten !
1
Tous ces efforts dont il nous a débarrassés,
Cet Hercule spongieux,
Ces douze fois douze
Travaux surhumains : fouiner
Dans la merde de l’économie,
Tâtonner dans l’obscurité des systèmes,
Avec cette barbouille sans fin pour le journal,
Et la descente aux enfers
De Soho Square, tourmenté
Par la moindre saloperie, et remettant sur ses pieds
La pensée qui marchait sur la tête, et ces nuits
Pour un événement lourd de conséquences !
2
Toute cette dureté dont il nous a débarrassés,
Ce dictateur apatride
De ses rédactions et de ses filles,
Cette véritable ironie rageuse contre nos braves
Putois menteurs de Prusse,
Les gentillesses à la vie brève,
La haute trahison à vie,
Et la pression sur la bourse de Frédéric,
Absolument répugnant, et la cruauté
À l’égard de son corps phtisique
Pour saisir à la racine cette affaire
Qu’est l’être humain !
3
Mais tout ce qu’il nous a encore laissé !
Un tel manque d’illusions.
Une telle perte universelle
De valeurs sûres. Une telle incapacité
Généralisée à se soumettre !
Et comme il est exclu, entre nous,
De ne pas douter de tout. Depuis lors
Tous nos succès ne sont que des acomptes
Sur l’Histoire. Fini le temps
De ne pas se vouer à la cause,
Et impossible d’aller jusqu’à la fin
Sans la prendre pour le commencement !
Traduction Alain Lance
Ce poème de Volker Braun fut publié en 1974 dans son recueil Gegen die symmetrische Welt (Contre le monde symétrique) au Mitteldeutscher Verlag (RDA). Les passages en italique sont des citations de Marx lui-même, de sa fille Laura et de Friedrich Engels.
Mes remerciements à Alain Lance
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