« Fisimatenten », « Kaputt », « Pumpernickel », quelques mots allemands aux origines peut-être françaises mais incertaines.

Tranches de Pumpernickel

Source de l’image

Dans un texte publié par la revue en ligne Faust-Kultur, le linguiste Gerhard Stikel évoque une série de curiosités étymologiques de la langue allemande. Je n’en retiendrai ici que trois d’origine française, réelle ou supposée, à commencer par l’un de ceux qui m’a toujours beaucoup intrigué en raison de la légende qui y est attachée.

Fisimatenten

Le mot n’existe qu’au pluriel et dans une expression du type Fisimatenten machen : faire des caprices, des chichis, des simagrées. Mach keine Fisimatenten peut se rendre par arrête tes conneries.

Selon la légende, le mot viendrait de « visitez ma tente », invitation adressée par des soldats de la Révolution française aux jeunes filles de Mayence. Une variante serait « visitez ma tante », excuse invoquée par des soldats auprès d’un officier pour justifier d’un retard ou demander une permission. Plutôt amusant comme étymologie.

Cependant le mot visemetent est attesté dès le 15ème siècle. D’où l’idée que Fisimatente viendrait de visae patentes literae et que les emmerdeurs seraient les bureaucrates.

Visae patentes literae désigne des patentes au sens de brevets et/ou privilèges établis par les autorités, sous entendu au terme d’une procédure bureaucratique pas très loin des tracasseries administratives. Selon Gerhard Stickel, visae patentes literae aurait pu rencontrer dans le langage populaire visament qui désigne un ornement sans signification notamment dans un blason et la fusion des deux termes rendrait plausible l’utilisation de Fisimatenten au sens d’une critique de l’usage des faux-fuyants et des comportements visant à compliquer inutilement les choses. Les emmerdeurs, quoi !

Il existe en dialecte alémanique le mot fissamickera qui signifie manigances et plusieurs mots dérivés de fissik qui a plusieurs sens : magie noire, sottises, simagrées ou singeries.

Kaputt

Kaputt est un mot qui a fait carrière dans toutes les langues européennes. Il a été popularisé, explique G. Stickel, pendant la seconde guerre mondiale par l’expression Hitler kaputt. Son origine remonte probablement à la guerre de Trente ans et est emprunté à l’expression française issue du jeu de cartes, faire capot, être capot. Kaputt est le titre d’un roman de Curzio Malaparte. Le mot y désigne l’état de l’Europe en 1943.

Pumpernickel

Le pain des pétomanes.

Le pumpernickel est un pain de seigle complet très compact et de couleur très foncée (notre image). Là encore une légende en attribue l’origine à un officier qui après y avoir goûté aurait déclaré qu’il est tout juste bon pour Nickel (Nicole), nom d’un cheval de Napoléon. Mais rien n’atteste que Napoléon ait eut un cheval de ce nom là. La version plus prosaïque et probablement la meilleure ferait dériver le mot de Pumper, une expression dialectale pour flatulence, et Nickel une abréviation de Nikolaus (Nicolas). Aussi Pumpernickel serait-il l’équivalent de Furzklaus, Nicolas le pétomane. Au 17ème siècle, Pumpernickel désignait un être grossier et serait devenu par la suite ce pain grossier qui provoque des gaz et le régal des connaisseurs.

Ce contenu a été publié dans Langue allemande, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *